Comme une plante grimpante. Jusqu’au ciel.

Notre mouvement s’est structuré comme une plante grimpante : solide sur ses appuis, pour gagner en hauteur et en largeur. Les tentatives d’imposer une direction, représentation, etc. se sont toutes ramassées et tant mieux, cela nous aurait fragilisé. C’est en partant des formes spontanées d’organisation que nous pouvons envisager une meilleure croissance de la lutte.

Ce mouvement s’est enraciné dans les interstices des ronds-points, des péages, pour constituer un maillage solide. Mais aujourd’hui, nous sommes confrontés à plusieurs problèmes.

1. L’offensive policière contre les ronds-points.

2. La nécessité de s’organiser à une échelle plus large sans figer la lutte.

3. La tentation de la fuite en avant activiste.

Pour trouver des solutions, il nous faudra expérimenter, faire connaître ce qui marche, mettre de côté ce qui ne fonctionne pas. Ce travail de tri, c’est au mouvement de le faire. Ce journal est un outil pour l’y aider.

L’offensive policière contre les ronds-points cible le mouvement dans ses points vitaux. Il s’agit donc de les défendre, mais aussi d’y poser des formes de résilience, issues de la lutte (le mot résilience vient du latin qui veut dire rebondir, s’adapter aux chocs et attaques pour mieux avancer). Cette offensive a produit des contre-offensives. Nous avons joué au chat et à la souris bricoleuse de cabanes avec les flics. Mais on s’y épuise.

1. Une solution qui marche, c’est se doter d’un rendez vous fixe. Cela permet aussi de garantir la visibilité du mouvement, de le faire exister sur la place publique. Sur les ronds-points, en ville, partout où nous habitons, donnons nous une heure ou deux, fixes, pour se retrouver. Pour faire un point d’infos sur nos actions, discuter du mouvement, élaborer des propositions pour l’assemblée de masse, boire un café, manger un morceau. C’est un bon moyen de maintenir le lien. De plus cela permet ensuite de nous rendre sur des actions ensemble, ou de continuer à occuper les lieux. Et puis c’est aussi l’endroit où nous pouvons être rejoints par de nouveaux camarades de lutte, et ça, c’est très important de le tenir.

2. S’organiser à une échelle large passe par l’assemblée de masse. Encore faut-il ne pas créer une usine à gaz. Ce que montre l’expérience des assemblées de masse déjà constituées, c’est qu’il ne sert à rien de multiplier les protocoles de vote, voire de voter tout court, hormis pour se compter (qui est motivé pour telle action ? ). On n’est pas à l’assemblée nationale, vautrés sur des fauteuils, en représentation. Nous sommes dans l’action. Il s’agit de répondre aux besoins du mouvement.

  • Discuter stratégie, voir plus loin. Voir l’ensemble du tableau, débattre des grandes options, s’informer, tirer parti du nombre. Et cela, par les prises de paroles, mais aussi par la diffusion de texte dans l’assemblée. Ainsi, discuter de l’heure de tel ou tel blocage n’est pas nécessaire. Mais discuter de la pertinence stratégique des cibles, donner des éléments d’analyse, là on est dans l’efficace.

  • Une assemblée pour proposer des actions et se rencontrer. On viens à l’assemblée pour y puiser des forces : nous proposons telle action, nous nous captons, proposons des rendez vous. Mais aussi pour tisser des liens avec des gens qu’on ne voit pas sur notre point de rendez-vous habituel, mais qui peuvent être celles et ceux avec qui envisager la grève, pour ne citer que cet exemple.

3. Soyons vigilant sur la fuite en avant activiste. Confrontés à la répression, on se capte par équipes qui se connaissent et se font confiance, se rencardent avec d’autres équipes, montent sur des gros coups. C’est utile ! Mais en lien avec le mouvement. Pour cela, l’assemblée de masse est nécessaire. Car si la répression rend important les protocoles de sécurité, la pensée du choix global des cibles et des formes d’actions doit être partagée par le mouvement dans son ensemble.

Soyons souples comme le roseau : on bouge mais on revient là d’où nous venons.

Soyons vifs comme l’abeille : piquons là ou ça fait mal, mais on en parle avec la ruche.

Soyons intelligents comme l’éléphant : nous sommes une masse, mais une masse qui pense, qui se réunit et qui se souvient.