Jusqu’où irons-nous ? Des propositions concrètes pour aller plus loin en gilet jaune

Partout des débats ont lieu, parfois houleux, sur les suites du mouvement. On regarde ce qui a marché mais aussi ce qu’il nous manque. Et c’est bien, c’est la preuve que nous sommes un mouvement qui vit, qui veut avancer et non rentrer dans le rang comme l’espèrent les politiques, les médias et les patrons.
Nous aurions tort de faire la fine bouche. Le nez dans nos gilets, on a du mal à se souvenir de nos vies d’avant ce 17 novembre. 3 mois en jaune et l’impression qu’on l’a toujours été. Cette sensation nous rappelle une évidence qu’on avait fini par oublier tellement le capitalisme nous a atomisés, individualisés : nous partageons, nous l’immense majorité, une condition sociale commune. Continuer la lecture de « Jusqu’où irons-nous ? Des propositions concrètes pour aller plus loin en gilet jaune »

Qui sont les nôtres ?

Depuis le début de ce mouvement, deux symboles se font une certaine concurrence sur les ronds-points. Le gilet jaune et le drapeau bleu blanc rouge. Bien sûr, beaucoup ne le diraient pas comme ça. Ils diraient que le drapeau est le symbole du peuple français, là où le gilet jaune est celui de la lutte et donc que les deux sont complémentaires. Et c’est vrai que dans les deux cas, il s’agit pour ceux qui les arborent de signes de ralliement autour de quelque chose de commun. Mais il y a plusieurs sortes de communautés.

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Gilets jaunes cherchent Unité

« Ah, tu te rappelles du 18 novembre ? Quand on était tous ensemble, minuit passé, sur les ronds-points autour du feu ? » Cette phrase, on l’entend de plus en plus souvent. La nostalgie est un sentiment qui apparaît lorsque l’on est pas tout à fait satisfait du temps présent et qu’on y répond en disant « c’était mieux avant ». Et ça, en vrai, c’est pas très GJ. D’habitude on lutte au présent. On décrit souvent les premiers temps du mouvement comme un moment d’unité sans pareille. Mais il faut bien dire une chose, l’unité qu’on regrette était une unité dynamique dans un mouvement raz-de-marée. Les limites qu’on pouvait déjà percevoir, en particulier l’incapacité du mouvement à aller plus loin que la rue, n’étaient que des limites à dépasser, des pas à franchir. Et on faisait peu de cas des quelques propositions politiciennes incapables de cristalliser un torrent de lave bien trop fort, qu’il s’agisse des mesures gouvernementales ou bien des tentatives de récupération. Cette unité tenait à partir de l’immense force collective que ce mouvement déployait mais elle n’a jamais été une unité finie et homogène. Sauf qu’effectivement, puisqu’on n’a pas réussi à faire de chaque jour un samedi, notre mouvement a perdu un peu de son onde de choc et l’heure est au doute et à la discussion. Comment on continue ? Comment on fait peur ? Comment on lâche rien ? Si une nouvelle temporalité s’impose aux GJ, elle est aussi accompagnée d’un besoin de clarification.

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Lyon : un récit critique des AG-Usine à gaz

Des camarades nous ont fait parvenir ce petit récit critique concernant les AG Gilets Jaunes de Lyon qui parlera certainement à pas mal de gens. Son avantage, c’est d’expliciter tous les moments où les politicards, en herbe ou en pierre, font de cet espace commun d’organisation une simple caisse de résonnance de leur stratégie politicienne. Et c’est précisément contre ça qu’on doit se battre !

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Ce qu’il nous faut, c’est une bonne grève !

Nous sommes tous pour garder le panache des blocages de ronds-points des premiers jours. Sur ces blocages, on a découvert que beaucoup de gens vivaient la même chose que nous, les mêmes galères et mêmes certaines sur lesquelles on avait oublié de mettre des mots. On a aussi redécouvert nos villes et on s’est surpris à voir que nos allers-retours au boulot, nos discussions au magasin, nos échanges avec les collègues servaient maintenant d’informations pour une cartographie des points névralgiques à bloquer pour foutre la merde. Mais au bout de deux mois, nous sommes tous confrontés au même constat : on manque de gens, on manque de temps. Continuer la lecture de « Ce qu’il nous faut, c’est une bonne grève ! »

Comme une plante grimpante. Jusqu’au ciel.

Notre mouvement s’est structuré comme une plante grimpante : solide sur ses appuis, pour gagner en hauteur et en largeur. Les tentatives d’imposer une direction, représentation, etc. se sont toutes ramassées et tant mieux, cela nous aurait fragilisé. C’est en partant des formes spontanées d’organisation que nous pouvons envisager une meilleure croissance de la lutte.

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On se bat pour tout le monde

On se bat pour tout le monde

« Mais quelles sont vos revendications ? » C’est toujours la première chose que les médias et les personnes hostiles au mouvement nous crachent au visage. A travers cette question barbante, ils ne nous demandent pas comment on s’est retrouvés dans la rue mais comment on pourrait la quitter. Et c’est pour ça qu’on se retrouve dans l’embarras. On ne veut pas la quitter cette rue qu’on a prise, ces ronds-points qu’on a habillés, cette force collective qu’on a trouvée. Nous savons que notre situation ne pourra pas s’améliorer avec quelques miettes, ce qui rend les choses complètement ingérables pour tout pouvoir. En plus, on a ce formidable réflexe de refuser la représentation, qui fait qu’ils n’ont aucune tête à acheter ou à couper pour mettre à mal le mouvement. Ils nous disent : « Vous en demandez trop ». Face à cette accusation d’amateurisme politicien, on aurait pu simplement leur dire merde. Négocier tue et les politiciens sont nos fossoyeurs.

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