« Ah, tu te rappelles du 18 novembre ? Quand on était tous ensemble, minuit passé, sur les ronds-points autour du feu ? » Cette phrase, on l’entend de plus en plus souvent. La nostalgie est un sentiment qui apparaît lorsque l’on est pas tout à fait satisfait du temps présent et qu’on y répond en disant « c’était mieux avant ». Et ça, en vrai, c’est pas très GJ. D’habitude on lutte au présent. On décrit souvent les premiers temps du mouvement comme un moment d’unité sans pareille. Mais il faut bien dire une chose, l’unité qu’on regrette était une unité dynamique dans un mouvement raz-de-marée. Les limites qu’on pouvait déjà percevoir, en particulier l’incapacité du mouvement à aller plus loin que la rue, n’étaient que des limites à dépasser, des pas à franchir. Et on faisait peu de cas des quelques propositions politiciennes incapables de cristalliser un torrent de lave bien trop fort, qu’il s’agisse des mesures gouvernementales ou bien des tentatives de récupération. Cette unité tenait à partir de l’immense force collective que ce mouvement déployait mais elle n’a jamais été une unité finie et homogène. Sauf qu’effectivement, puisqu’on n’a pas réussi à faire de chaque jour un samedi, notre mouvement a perdu un peu de son onde de choc et l’heure est au doute et à la discussion. Comment on continue ? Comment on fait peur ? Comment on lâche rien ? Si une nouvelle temporalité s’impose aux GJ, elle est aussi accompagnée d’un besoin de clarification.
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